« Je ne les ai pas provoqués, j'ai seulement demander ce qu'ils faisaient, c'est pas ma faute s'ils l'ont mal pris. Tu sais très bien que certains humains comprennent l'inverse de ce qu'on leur dit, c'est pas ma faute. Aaaaaaah, mais c'est peut-être parce que j'ai dis que c'était lâche de s'en prendre à un petit nouveau de Broken Flower ? » rétorqua-t-elle avec un petit air innocent, les bras croisés sur sa poitrine. What ? ... Rha, elle m'énerve, à toujours me coincer comme ça... Elle se tourna, se plaçant dos à moi.

« Mais ce serait tellement ennuyeux s'il n'y avait pas ce genre d'amusement aussi... », poursuivit-elle sur le ton de la conversation. Amusement ? Comment ça, amusement ? Tu crois que ça m'amuse, moi, de tabasser ces types pour t'éviter de te faire lyncher ? Et ce gosse, là, tu crois que ça l'amuse ? Rhaaaaa, mais c'est pas possible... Elle se retourna, un sourire jusqu'au oreilles flanqué sur son minois.

« M'enfin, qu'est ce que tu fais par ici ? Tu n'es pas en train de répéter, c'est étrange, avoue que je te manquais ! », s'écria-t-elle.

Euh, ouais... Je sais même pas ce que je fous là... [HRP : tu noteras qu'il ne réagit pas à ta seconde phrase 8D] Elle sembla remarquer quelque chose et s'éloigna. Ah, c'est trop beau pour être vrai... non, elle va revenir, ça l'amuse de me taquiner comme ça – enfin, taquiner est le verbe qu'elle emploierait, personnellement je dirais plutôt « horripiler ». D'ailleurs la revoilà, un paquet de taiyakis dans la main, probablement volé au mec avec son stand mobile, là-bas. Cette fille me fascine, avec sa passion des taiyakis et des pocky. Sans déconner... ça m'étonnerait pas qu'elle se nourrisse exclusivement de ça.

« T'en veux ? », me lança-t-elle. « Sont super bon, meilleurs que ceux du combini ! »

Même s'ils ne l'étaient pas, j'en aurais quand même pris un... je plongeai ma main dans le sachet et en ressortit un. Ouais, pas mauvais, effectivement... Elle en avala un tout en s'asseyant sur le rebord de la fontaine. Et paraissant ainsi encore plus petite... la vache, je crois qu'elle m'arrive quelque part entre le coude et l'épaule. C'est dingue d'être aussi minuscule.

« Mais Ikebukuro est bien calme en ce moment je trouve. Tu les as tous effrayés ou quoi ? »

Ah oui, j'avais oublié qu'elle est toujours au courant de tout... Sérieusement... Enfin, vu qu'elle a des contacts fréquents avec Hitori, c'est pas étonnant. Ça fait un moment que je ne l'ai pas vu, d'ailleurs... Je soupirai et m'assis à côté d'elle. Là, voilà, elle m'arrive presque au menton, maintenant. Je déglutis avant de répondre.

« J'y suis pour rien », lâchai-je. « Bon, d'accord, peut-être un peu », reconnus-je devant son regard malicieux et incrédule, « mais pas totalement. Ils doivent avoir des problèmes internes, et puis ils se débrouillent toujours pour tomber sur Shizuo Heiwajima... c'est pas ma faute s'ils ont un instinct de survie aussi peu développé, non ? »

Machinalement, je me penchai en arrière pour m'appuyer sur un dossier. Fictif, le dossier. Je faillis basculer dans l'eau mais me repris d'une torsion du buste. C'est ça, j'ai pas envie de passer pour un clampin en me retrouvant trempé comme un chien à l'abandon – même si c'est ce que je suis, merci de me le rappeler.

« D'ailleurs, je me demande pourquoi tu me poses cette question », pensai-je à voix haute à l'attention de Yukari. « Tu es toujours coursière pour Ryuku, non ? Tu dois donc être au courant de pas mal de choses ? »

Je surpris son regard. Attends, elle rougit pas un peu, là ? J'aurais pas réussi à la coincer ? Je m'approchai d'elle et lui pinçai légèrement les côtes. Elle sursauta en poussant un petit cri avant de rire. Je souris, moi aussi. C'est agréable de se croiser en dehors du lycée ou des répétitions et concerts. Je me retins de lui ébouriffer les cheveux. Rha, ça m'énerve, elle me mène vraiment par le bout du nez... ça doit être ça, le pouvoir du « petit peuple »...

[HRP : Hakai est un soumis 8D //PIED-DE-BICHE BY HAKAI//]

« Ca c'est sûr, je suis au courant de beaucoup de choses, mais c'est pas gratuit tout ça, même si j'arrive à négocier. Puis il n'a toujours pas fait appel à moi, du coup, je n'ai pas de raison d'être au courant de cette soudaine vague de tranquillité. »

Ouais, c'est ça... nan mais attends, je te connais, Yukari, tu sais toujours tout, et particulièrement ce que tu n'es pas censée savoir. A tous les coups, elle a des connexions non seulement avec Ryuku, mais avec d'autres informateurs – j'ai entendu parler de deux filles du lycée qui sont également excellentes – comme Izaya Orihara. Orihara... Je l'ai à peine entrevu, une fois ou deux. Il se battait avec Heiwajima, d'ailleurs... Sérieux, ces mecs sont des dangers publics, il faut les éviter comme la peste.

Hum. C'est pas ce qu'on dit sur moi, d'ailleurs ? VDM.
Soudain, elle me sauta au coup. Hein ? Quoi ? Q-Q-Q-Q-Q-Je suis censé faire quoi là ?! Elle est en train de me faire un c-c-c-c-câlin ?! Putain, je fais quoi, je fais quoi, je fais quoi ??! …
…
…

Que quelqu'un me ramène la tête de Yukari Shûzen. Là. Maintenant. Tout de suite. Ou plutôt non, je vais m'en charger moi-même. YUKARIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! [HRP : Vague écho à « Izaya-kun », ha ? "8D] Bordel, mais qu'est-ce qui t'a pris de me faire tomber ?! 'Taaaaaaaaaaaaaaain, merde, je suis trempé, un peu plus et tu abîmais ma gratte ! Tu fais chieeeeeeeeeeeer ! Merde, ma teinture ! Je me palpai les cheveux et observai mes doigts. Aucune trace bleue. Parfait. Idem pour mon tatouage, il a survécu.

« Ca t'apprendra à me mettre dans l'embarras, Onii-chan ♪ », lança-t-elle gaiement avant de se redresser.
….................... D'OÙ tu m'appelles comme ça, toi ?! Je suis pas ton frère, merde, et si je l'étais, je serais le mec le plus malheureux du monde, et euh... Enfin merde ! Comment je suis censé me calmer si tu m'horripiles à chaque fois qu'on se voit ?! Et ne m'appelle pas comme ça !
Et puis attends, merde, et l'égalité des sexes ?!

« Ah ah, quand on parle du loup ♪ Je ne pensais pas qu'il serait là si vite ! On l'aurait encore cherché ? ♪ »

Hein ? De quoi ? Je me relevai, en appui sur les coudes, mes cheveux trempés plaqués sur mon visage. Je dois avoir l'air parfaitement débile, comme ça. Et... oh putain. Un distributeur automatique fit son baptême de l'air avant de s'écraser sur la chaussée, devant le parc. Je jetai un regard vers Yukari. Elle savait. Elle savait qu'il serait là. J'en mettrais ma main au feu. Et il n'y a qu'une seule personne dans cette ville qui est capable de prévoir les déplacements de Shizuo Heiwajima. Sérieusement, Yukari... Tu devrais faire attention... Traîner avec ce genre de personnes, ça n'apporte rien de bon... Enfin, j'espère que je me fais des films.

Des mecs déboulèrent soudain dans le parc, s'avançant vers nous, menaçants et armes blanches à la main. Enfin, armes blanches... Celui-là, là-bas, il a un couteau, mais le reste possède principalement des battes de base-ball ou des trucs s'en approchant. Le même gang que tout à l'heure... Et merde...

« Alors comme ça les petits sont aller chercher du renfort ? ♪ De toute façon, à deux, à trois ou à vingt, c'est la même chose ♪ »

Eh, attends un peu, là... Je m'appelle pas Heiwajima, moi ! Sérieusement, mais tu crois vraiment que je vais réussir à tous les battre ? Et puis... Et puis ça m'énerve. Ils n'ont que ça à faire, agresser une gamine. Et puis voilà, j'apparais, limite le preux chevalier Hakai Ninshishô Ongakû, je défends la princesse attaquée par les brigands et les méchants reviennent avec un dragon. Mais sans déconner... sortez-moi d'ici...
Je saisis le pull de Yukari et l'approchai de moi.

« Écoute », énonçai-je à voix basse. « Ils sont au moins une quinzaine, et ce ne serait pas étonnant que d'autres arrivent. Ils me foutent sur les nerfs mais il faut que je me contrôle un minimum. On s'est déjà fait remarquer. Il faut qu'on se taille d'ici en vitesse. »
Elle allait protester mais je la coupai dans son élan.

« C'est très important. On a plus de chances d'être passés à tabac qu'autre chose. Tu veux finir comme cette fille, dans sa chambre d'hôpital, handicapée ? Incapable de jouer de la guitare ou de chanter ? Ou même de sortir ? »
Elle détourna les yeux, une petite moue sur le visage.

« Alors on se tire. D'autant que la police va pas tarder à rappliquer. C'est très simple. Tu te barres vers Heiwajima. Ils vont te suivre. Là, tu cries à l'aide, tu es une pauvre petite fille à la merci de brutes. Ça va le gonfler sérieusement que des minables s'attaquent à une jeune fille et normalement, il va te défendre. Barre-toi pendant qu'ils se battent. On se retrouve le plus tôt possible au night-club des Kawashima. Et évite les flics ! »

Elle hésita un instant, mais les autres débiles nous chargeaient déjà. Non, ils sont trop près, trop nombreux... Vite, file, casse-toi, ils vont te tabasser ! Sans y penser, j'ouvris mon étui à guitare, en sortis mon pied-de-biche et confiai le reste à la première personne qui entra dans mon champ de vision : un gosse d'une petite dizaine d'années qui s'accrochait à la robe de sa mère. Je lui tendis ma housse et me tournai vers le Color Gang sans demander mon reste. Et je commençai à me battre en hurlant. Un coup dans le visage, un autre dans les côtes... L'ivresse de la bagarre... Je ne dois pas m'y perdre. Même si c'est mon élément. Même si mon âme en est remplie. Donner et prendre des coups, je crains de ne jamais pouvoir m'en passer. C'est comme une drogue. Je ne peux pas m'empêcher de déclencher des bastons. Où est Yukari ? Je ne la vois pas. J'espère qu'elle a fait ce que j'ai dit... Qu'elle s'est enfuie... Je ne veux pas la voir à terre, ensanglantée, incapable de bouger. Non, Yukari, je t'en prie, fuis, va-t-en, ne me fais pas revivre une déchirure... Ne m'abandonne pas, toi aussi...